Deux fois, dans la même journée ! Ça fait beaucoup, non ?
C’est un mot si joli, mamie. Si doux, si tendre. Un petit nom qui sent le sucre et la cannelle, les gros câlins et le réconfort. Les jeux, les vacances, les confidences, les souvenirs d’enfance. Mamie c’est ouaté, douillet, généreux, aimant. Être une mamie c’est tisser un lien précieux entre les générations. Les mamies sont là pour garder, gâter, dorloter, bisouter, chérir et protéger leur descendance. Elles prennent le relai. Elles sont la chaîne, la lignée, l’ancrage. A l’origine de tout. Un rôle délicat parfois. Une mission sensible. Une délégation de pouvoir qui engage et oblige. Du moins c’est comme ça que je vois les choses, n’ayant moi-même pas connu mes grands-mères et n’ayant pas non plus de petits enfants.
Alors pourquoi faire de ce joli mot une insulte ?
La première (oui, ce sont des femmes les auteures de ces forfaits) a écrit sous ma vidéo “non mais les mamies se mettent à YouTube ! On va où là ?” Je la cite de mémoire car j’ai jeté le commentaire.
La seconde “mamie on voit toujours tes taches, surtout sur la joue gauche”
Bien sûr que je ne vais pas m’abaisser à leur répondre ni à publier ces méchancetés gratuites. Étant seule maîtresse à bord de ma chaîne Dame Mature, c’est moi qui modère les commentaires. Aucune chance que je me laisse flageller en place publique. Donc, déjà, ces personnes que je suppose jeunes, censées maîtriser les plateformes mieux que moi, ont tout faux et n’y connaissent rien. Elles auraient pu s’éviter cette peine et gagner une occasion de se taire sachant que personne ne publierait des propos offensants. On est peut-être vieilles, mais pas connes.
Mais non ! Il faut que la hargne s’exprime.
Pourquoi ? Pourquoi perdre du temps à écrire un commentaire négatif ? Autant passer son chemin et arrêter de suivre les gens qui nous dérangent. Pas vrai ?
On dira que les réseaux sociaux encouragent ce type de comportement déplacé. Moi je pense que la toute première raison à ces mauvaises manières est un manque cruel d’éducation. Du coup, ces personnes sont assurément les plus à plaindre. Bêtes et méchantes, ignorantes, intolérantes, indélicates, mal élevées, agressives, racistes, anti-vieilles, elles sont plutôt mal barrées à mon humble avis. Mais ça n’engage que moi.
Puis, passé la stupeur, j’en suis venue à l’acceptation.
Car après tout, c’est vrai que j’ai l’âge d’être une mamie. 62 ans, c’est bien ça !
L’âge moyen pour devenir grand-mère en France est de 54 ans. Et quoi ? Est-ce une tare, un défaut, une faute, une honte ? Certainement pas.
Mais nous en sommes toujours là en 2023 : mamie, vieille, sont des invectives, des gros mots et on peut manquer de respect aux seniorEs sans honte, en les touchant au point sensible du temps qui court, de la vie qui passe. Elles seront vieilles elles aussi un jour, ces impudentes. Ou pas. Ce qui signifie alors qu’elles seront mortes. Voilà. C’est comme ça. Vieillir c’est vivre et c’est fort joyeux.
On ne se voit pas avancer en âge, c’est un fait et je ne suis pas non plus obsédée par mon millésime. Je ne me réduis pas à seule ma date de naissance, même si elle m’avantage drôlement en ces temps de réforme des retraites.
Moi, je vis voyez-vous. Je profite.
Je me lève le matin, heureuse d’être en forme et en bonne santé. Je fais mes bricoles, comme dit ma chère cousine, je suis active sur YouTube et Instagram, j’ai une super belle communauté qui me soutient, m’aime et m’encourage. Plein de superbes amies dont des trentenaires que j’adore. J’ai eu une belle vie professionnelle et je continue d’exercer mon métier sur les nouveaux supports qui nous sont désormais accessibles. Presque 40 ans de journalisme télé, vous comprendrez que je n’ai pas attendu ces effrontées pour faire des vidéos. J’apprends tous les jours. Je m’émerveille pour un rien. Je suis curieuse, sensible et amoureuse. Quel pied !
Le soir, je me couche, heureuse de mon sort, en paix avec moi-même. Je n’ai pas besoin de détester mon prochain pour me sentir vivante et je me fous pas mal du regard des autres.
Vous l’avez compris, l’âge n’est certainement pas une question rédhibitoire pour moi. Et je ne suis pas constamment en train de scruter mon visage à l’affût des marques du temps. J’ai des rides, oui. Les cheveux blancs, aussi. La peau qui s’affine, les paupières tombantes, des pores comme des cratères, le décolleté froissé et le cou qui pend. J’ai pris une taille en fringues et deux bonnets en soutif. Mes genoux grincent parfois et j’ai le souffle court. Oui, en effet, j’ai tous les stigmates de la sénescence en marche sur mon visage et mon corps. Mais je me trouve plutôt pas mal pour mon âge. Je m’aime comme je suis et ceux qui ne sont pas contents peuvent aller se faire cuire le cul.
Voilà pourquoi je garde le smile quand deux écervelées se croient malignes en m’incendiant sur mes années au compteur. S’accepter dans son âge, assumer de vieillir tête haute, c’est précisément mon combat, l’essence da ma chaîne et de cette newsletter. Elles ne pouvaient pas tomber plus mal finalement ces pauvres petites.
Et moi au moins j’ai une retraite !
Dernière précision et non des moindres.
La vidéo en question a fait 40 900 vues à ce jour. C’est peut-être ça qui a chiffonné ces demoiselles.
Oui bébé, les mamies réalisent et publient des vidéos de qualité sur YouTube, elles s’éclatent, font beaucoup de vues et elles t’emmerdent !
A lire :
“Les vieilles” de Pascale Gautier, Folio
Un roman frais et joyeux qui prend le contre-pied des idées reçues sur la vieillesse.
A écouter :
Vieilles et alors ? Un podcast à soi n°14, Arte Radio
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Retrouvez-moi également sur ma chaîne beauté pour les femmes de 50 ans et plus Dame Mature
Mamie t'emmerde bébé !
Bonjour Dame Mature, je n'aurai pas mieux dire, écrire. Vous avez tout dit. Et oui je n'ai peut-être que 58 ans, pas encore grand-mère, mais je ne me sens pas vieille dans ma tête, même si parfois mon cops me trahie. Mais notre génération a allègrement franchi le cap de l'ordinateur, d'internet, d'instagram, tik tok et autres... Je me souviens en 88 avoir dans le cadre de mon emploi les premiers stages informatiques, en 1986 à 21 ans faire partie des premières femmes en gendarmerie, sur le terrain, des premières femmes gradées avec un poste à responsabilité... Nous avons ouvert la voie pour les générations d'aujourd'hui et de tout cela je suis fière. Comme vous le matin, je me lève, heureuse et en paix. J'ai fini par m'accepter comme je suis, de me voir vieillir, laisser mes cheveux blanchir .... et m'amuser à apprendre l'art du maquillage et pas pour cacher mais sublimer ce que j'ai. Merci à vous. Belle journée.
Oh que tout ça est bien dit, j'en ai les larmes aux yeux tellement c'est bien envoyé... Eh oui à 60 ans passé nous sommes toujours jeunes malgré les grincements, les craquements, les plissements. Nous avons toutes sû nous adapter aux changements, aux évolutions, aux nouvelles technologies, nous sommes vivantes, quoi !